mardi 6 décembre 2011

Review du Nokia Lumia 800

L'air de rien, il s'agit d'un petit moment d'histoire dans le monde de la téléphonie. Nokia, acteur majeur pendant près d'une décennie, avait connu une traversée du désert lors de l'explosion des smartphones tactiles. Entêté à vouloir pousser Symbian, un OS prévu pour touches physiques et adapté au forceps pour le tactile, le Finlandais a bien failli disparaître, sous-estimant l'avènement des concurrents iOS et Android. Microsoft lui a proposé une porte de sortie avec Windows Phone 7. Un mariage de raison entre un ancien constructeur de qualité et un challenger dans le monde des OS qui cherche à pousser un système d'exploitation reparti de zéro. Est-ce que Nokia pourra ressusciter grâce au Lumia 800, première incursion dans son nouveau partenariat? Eléments de réponse dans cette review.  


Spécifications

  • Windows Phone 7.5 Mango
  • HSDPA/HSUPA/WCDMA débit jusqu'à 14,4 Mbps
  • Processeur 1400 MHz simple coeur
  • Ecran 3,7 pouces Super Amoled Gorilla Glass
  • Résolution 480 x 800 pixels
  • 512 MB de RAM
  • 16 Go de mémoire interne non extensible
  • Batterie de 1450 mAh
  • Wifi 802.11 b/g/n
  • Bluetooth 2.1 + EDR
  • Accéléromètre 3D, capteur de proximité, 2 micros
  • Micro SIM
  • GPS/A-GPS
  • APN de 8MP résolution 3264 x 2448 pixels à double flash LED et optique Carl Zeiss
  • Radio FM
  • Nokia Maps + Nokia Drive
  • Taille/poids: 116,5x61,2x12,1 / 142g

Conception/Prise en main

Nokia a une longue histoire en matière de qualité et de choix des matériaux. On se souvient tous de nos vieux 3310 tombés des dizaines de fois par terre et qui tournaient toujours comme des horloges malgré tout. Une fois encore, le constructeur mise sur un design surprenant mais réussi, autant le dire d'emblée. Le Lumia 800 est unibody, c'est à dire qu'il a été taillé dans une seule même pièce de plastique, ou de polycarbonate plutôt. Aucune vis apparente, pas même d'accès batterie, tout est épuré et ne subsistent que les touches de volume, la touche home et le déclencheur de l'appareil photo.

Pour trouver le port carte SIM et le micro USB de recharge, il faudra ouvrir deux trapes sur le dessus de l'appareil, trapes placées de façon assez ingénieuse et discrète. Au dessus à gauche se trouve la classique prise jack permettant de brancher le main-libres fourni par Nokia. L'écran est légèrement bombé, ce qui lui donne un aspect classe mais également très agréable au toucher. Il bénéficie du célèbre traitement Gorilla Glass qui a largement fait ses preuves en matière de résistance aux rayures et d'encaissement des chocs. Sur la bas trônent les trois touches tactiles imposées par le cahier des charges Microsoft.

Il n'y a absolument rien à redire au niveau du design et de la finition, le Nokia Lumia 800 fait sans aucun doute partie du top 3 des appareils à la plus forte identité et à la meilleure finition globale, aux côtés des iPhone 4 et Motorola Razr. Je vous laisse le soin de choisir l'ordre. S'il fallait chipoter, je reprocherais le "jeu" du bouton de l'appareil photo, qui est monté un peu plus haut que les autres afin de laisser une avancée pour l'autofocus.




Utilisation/Fluidité/Téléphonie 

Ceux qui connaissent et pratiquent déjà Windows Phone 7 ne seront pas en terrain inconnu, puisque Microsoft s'efforce d'interdire les surcouches afin d'unifier l'expérience utilisateur. Pour ma part c'était ma première incursion dans ce nouvel OS, les précédents appareils proposés ne me faisant pas rêver, et les limitations du système étant rédhibitoires, mais nous reviendrons sur ce point plus tard.

La fluidité est assez exemplaire, surtout quand on lit une fiche technique alignant du simple coeur et 512 Mo de RAM. Comme quoi ce cahier des charges strict imposé par Microsoft a du bon et peut faire penser à la gestion hardware et software d'Apple. Certes il faut relativiser ces performances, équivalentes aux derniers Androphones haut de gamme ou à l'iPhone, mais Nokia et Windows Phone 7 ont réussi à proposer ce niveau de fluidité dès le départ (souvenons-nous de l'expérience tactile d'Android aux débuts). Jamais un pet de lag, le tout défile sans à coups et on passe de page en page avec une aisance gracieuse. Petite ombre au tableau, j'ai réussi à planter deux applications et à faire freezer l'écran, provoquant le redémarrage de l'appareil. Sans doute la "chance du débutant". Ceux qui ont connu ce type de problèmes sur d'autres appareils savent quelle importance revêt l'extraction de la batterie, rendue ici impossible par le design. Espérons ne pas en avoir besoin.

La partie téléphonie, on l'oublie trop souvent, frise ici le sans faute. L'accroche réseau fait partie des meilleures qu'il m'ait été donné de voir sur les smartphones proposés ces dernières années, on est au niveau d'un Motorola, que je considère comme la référence en la matière. Le son est clair et aucune perte de conversation n'est à enregistrer. Mieux encore, il gère parfaitement bien la sortie de veille et le passage de la 3G+ à la 3G, puis à Edge et vice versa. La gestion des contacts, si elle peut sembler bordélique au premier abord (surtout quand on est novice du système comme moi), se révèle au fur et à mesure pratique en regroupant toute "l'actualité" sociale en un seule et même endroit. SMS, Mails, statut facebook, message Twitter, Messenger: tout tombe au même endroit. Il n'est pas question de parler ici de l'OS en lui-même, mais sachez pour ceux qui ne connaissent pas encore Windows Phone 7, que ce système tranche radicalement avec tout ce qui est proposé à l'heure actuelle, ce qui en fait sa plus grande force, ou sa plus grande faiblesse, tout dépend de l'avis que vous vous en ferez.


Mails/Wifi/GPS

La partie mail est ici aussi très complète, avec la prise en charge d'Hotmail naturellement, mais pas seulement. En deux-trois "clics", on peut ajouter compte Gmail, Facebook, Twitter, Nokia (je ne savais même pas que ça existait), etc. Ayant peur d'une fermeture au tout Microsoft, je découvre avec joie que je peux continuer à tout synchroniser avec mes services Google, enfin presque tout, nous y reviendrons aussi.

L'accroche Wifi est hallucinante. Là où l'iPhone, le Galaxy Note ou le Motorola Atrix ne passent plus, le Lumia 800 affiche le plein de barres. Même s'il s'agit assurément d'une différence d'algorithme, le fait est que nous surfons toujours sur Internent à quelques dizaines de mètres de la box. Il en va de même pour le capteur GPS qui offre un fix très rapide et surtout qui le garde constamment. Ce n'est donc pas sur cette partie que nous prendrons ce Lumia en défaut, Nokia ayant apparemment mis un point d'honneur à proposer un hardware qui tienne la route.


Multimedia/Navigation Internet


Le bilan de la partie multimédia est en demi teinte. Si en termes de fluidité ou de simplicité l'expérience est satisfaisante, les choix hardware montrent assez rapidement leurs limites. La taille de l'écran, pour commencer, rend la navigation internet assez peu confortable pour un usage sur la durée. Impossible de lire quoi que ce soit sans zoomer, et cela malgré la qualité de l'écran Super AMOLED. La faute sans doute à la résolution, mais pas seulement  puisque la barre de navigation reste en permanence en-dessous de la page, mordant sur presque un centimètre. En mode paysage, cela va un peu mieux. A noter que l'appareil ne prend pas en charge le flash, ce qui peut être gênant quand on sait que beaucoup de sites utilisent encore cette technologie.

C'est d'autant plus dommage que le clavier, lui, est très réussi et se positionne sans doute comme le meilleur à l'heure actuelle, même s'il aurait gagné à profiter de toute la largeur disponible en mode paysage. Notons enfin que le moteur de recherche est Bing, infiniment moins pertinent que Google qui se voit éjecté de l'appareil, ce qui est de bonne guerre mais plutôt gênant.

Le centre névralgique de vos contenus audio et vidéo est le lecteur zune. A la manière de l'iPod, c'est un système fermé qui nécessitera impérativement une connexion PC ou Mac afin d'y synchroniser vos fichiers. Cette partie est un modèle d'ergonomie et la présentation est léchée au maximum. Ce n'est pas pour rien que des tas de players Android proposent une skin Zune...

Encore une fois malheureusement, si belle soit cette partie de l'OS, le prix à payer sera une connexion permanente avec votre desktop pour réencoder et transférer. Exit les DivX en natif ou le transfert de MP3 à la volée par stockage de masse. Il s'agit ici d'un choix délibéré de Microsoft, mais à prendre en compte au moment de l'achat si vous êtes un acharné de podcasts ou d'ajouts fréquents de films. Par ailleurs, inutile de stipuler que la taille de l'écran ne vous permettra pas de faire un Paris-Bordeaux avec un bon film dans les mains dans des conditions satisfaisantes.

La partie Xbox Live rattrape en revanche le coup, créant un véritable pont entre votre smartphone et votre Xbox 360 via votre Gamertag. Les possesseurs apprécieront, tant cela est bien fait et que les jeux s'avèrent convaincants.

Pour finir, saluons la présence de Nokia Maps, Nokia Drive et Nokia Music, plus anecdotique. Les solutions cartographiques de Nokia tombent à point nommé tant les cartes basées sur Bing présentent des lacunes ou des imprécisions. Il est de plus possible de sauvegarder en local des parties de cartes allant du département au monde entier (dans la limite des 16 Go toujours naturellement), ce qui vous assurera un voyage tranquille sans avoir à vous soucier du data).




Photo/Video


Avec une optique Carl Zeiss, Nokia ne faillit pas à sa réputation et les clichés se placent dans la moyenne haute des smartphones de cette gamme. Si le rendu reste légèrement en retrait par rapport à un iPhone 4 ou un Samsung Galaxy S II, le résultat reste largement exploitable. Je mettrais par contre un petit bémol sur les conditions de basse luminosité, en photo mais surtout en vidéo. La faute au double flash led qui est excellent, mais un poil trop pour filmer des sujets de près.

Une fois vos photos/vidéos prises, vous pourrez les partager par mail, Facebook ou Skydrive, mais si vous souhaitez les récupérer, ici aussi un arrêt par Zune sera indispensable.

Autre absence remarquée, la caméra frontale. Assez bizarre pour un appareil de cette gamme. Certes, Skype n'est toujours pas disponible sur WP7, mais cette lacune donne quand même un coup dans l'aile au côté "future proof" du Lumia 800.

Autonomie


Sans doute le point le plus sensible, et qui a retardé la parution de ce test. Lors de nos premiers tests, la jauge de batterie s'est comportée de manière assez surprenante: elle est restée pleine durant quelques heures pour passer instantanément en mode économie d'énergie. Après plusieurs recharges, nous retrouvions un comportement plus "classique" mais pas forcément plus fiable. Il manque cruellement un compteur de pourcentages afin de savoir précisément où nous en sommes.

Nous savions qu'un souci software touchait la batterie. Nous n'avons donc pas été étonnés de peiner à finir la journée lors de nos premiers jours d'utilisation. Nous avons attendu la mise à jour promise par Nokia avant d'aller plus loin dans le test mais n'avons constaté au final que très peu de différences. En utilisation intensive, le Lumia 800 demandera son cordon de rechargement avant la fin de la journée. Le fait de déconnecter le Wifi et le bluetooth nous ont permis de franchir ce cap symbolique.

Au final, après une semaine d'utilisation, avec les réserves d'usages et en attendant la seconde mise à jour annoncée par Nokia, nous pouvons dire que ce smartphone se situe dans la fourchette moyenne de sa gamme. Pas médiocre comme certains androphones, elle est un bon cran en-dessous d'autres modèles concurrents comme le Galaxy S 2, le Galaxy Note, le Razr ou encore l'Atrix. Je la placerais au niveau de celle de l'iPhone 4 sous iOS 5.


Un mot sur Windows Phone 7


Je place cette partie volontairement en retrait et en fin de review car elle est distincte de l'appareil et n'est donc pas à prendre en compte si vous connaissez déjà le système WP7. Je me place en tant qu'utilisateur subjectif qui découvre cet OS après être passé par iOS et Android. Instantanément, je suis frappé par la qualité de l'interface, qui tranche clairement avec ce qu'était Windows Mobile 6.5. Alors que l'ancienne version s'enfonçait dans les mêmes dérives que Symbian, Microsoft a su tirer toutes les leçons et a montré une réactivité étonnante.

Malheureusement, il s'est peut-être trop inspiré d'Apple sur la fermeture du système. Attention, je ne critique pas cette intention car je préfère moi aussi un écosystème bien maîtrisé et il ne manque pas grand chose à celui d'Apple pour être excellent. Mais entre maîtrise et rigidité il y a de la place. Pour être plus explicite, Windows Phone 7 devrait se placer entre iOS et Android, et non pas à la droite d'iOS. Si le cahier des charge imposé aux constructeurs pour ne pas se retrouver face à la trop grande fragmentation d'Android est totalement défendable, certains choix qui en découlent sont aberrants.

L'absence de port Micro SD. Soit, mais à l'heure ou nos Smartphones sont des appareils multimédia, plafonner à 16 Go est un énorme frein, surtout avec des APN qui filment en 1080p. Lorsqu'on a une grosse bibliothèque musicale, avec podcasts et vidéos, cette limite peut vite être rédhibitoire. On y perd en souplesse, et même à supposer que certains constructeurs sortent des appareils en 32 ou 64 Go, on y perdra toujours en confort. Ensuite, si le système fermé est défendable sur le papier, Apple y a inclus la sauvegarde façon Time Machine, rendant le changement d'appareil transparent. Ici on a les inconvénients sans les avantages puisqu'en cas de changement de crémerie il faudra quand même tout se réinstaller et que les données des applications seront perdues.

Le logiciel Zune est léché, à la manière de l'OS et son magnifique Metro, mais il est aussi une formidable usine à gaz sur PC, en particulier sur des configurations chiches comme les Netbooks par exemple. Le Windows Phone Connector du Mac est paradoxalement beaucoup moins lourd, mais moins complet aussi.

Dernier point, un peu biaisé mais qui est forcément à prendre en compte: l'absence totale d'intégration Google. C'est logique me direz-vous car si je veux retrouver l'expérience Google je vais sur Android et cet avis tombe sous le sens. Seulement entre tout et rien, là aussi il y a de la marge. Je n'aime pas Bing. J'ai beau essayer depuis des années, ses résultats sont à des années-lumière de ceux du moteur de Mountain View. Il n'y a pas d'application YouTube (apparemment du fait de Google) et quand on sait la place que prend ce monument au quotidien, c'est une grosse lacune (ne serais-ce que pour regarder vos Ashrama Live hé hé).

Plus facultatifs, l'absence de Picasa et Google Docs se font aussi sentir dans mon cas, étant un gros utilisateur de ces services avec 80 Go de données. Picasa a l'avantage de synchroniser en temps réel ma bibliothèque photo desktop et cloud, chose que ne permet pas (encore?) Skydrive avec son système pénible d'upload ne prenant pas en compte dossiers et sous-dossiers. De même, si Office est bien sur le papier, il est encore trop fermé puisque par exemple la Webapp de One Note ne permet pas d'importer de notes par paquets. Exit donc les centaines de notes utiles que j'ai sur mon Mac ou sur NoteEverything Android. Il faudra repartir de zéro.


Et c'est finalement là le point essentiel: pour vraiment se mettre à WP7, peut-être faut-il avoir envie de repartir de zéro, trop habitués que nous sommes à des iOS ou des Android. Pour ma part je serais peut-être prêt à franchir le pas, tant il ne manque pas beaucoup de choses à cet OS pour être l'un des meilleurs. D'ailleurs, autant lui rendre justice: WP7 est un système jeune d'à peine un an, et si on compare par rapport à là où en étaient les concurrents à la même période il n'y a pas photo. L'OS mobile de Microsoft a une énorme marge de manoeuvre et est à son stade bien plus complet que ne l'étaient les autres. C'est un système que je vais suivre de très près tant il semble installé sur de bonnes bases.


Conclusion


Le Nokia Lumia 800 fait une incursion remarquée sur le marché des smartphones. Après une longue gestation, Nokia a accouché d'un appareil séduisant, au design impeccable, qui en fait probablement le plus bel appareil de sa catégorie à l'heure actuelle. Très complet avec sa suite de Nokia Maps, Drive ou Music, il accumule aussi les défauts de jeunesse comme l'absence de caméra frontale, une mémoire qui plafonne à 16 Go ou encore d'autres limitations propres au cahier des charges de Microsoft comme l'absence de Micro SD ou de sortie HDMI.

Pour un premier essai, il s'agit toutefois d'une très belle réussite, susceptible de plaire aux jeunes grâce à ses déclinaisons colorées et à son système solide en fluide. Il reste maintenant à espérer que Windows Phone 7 décolle enfin grâce à ce partenariat, tant le marché a besoin de cette concurrence. 


Points forts



  • Finition irréprochable
  • Fluidité excellente de WP7
  • Solutions intégrées de Nokia
  • Optique signée Carl Zeiss
  • Protection livrée avec l'appareil
  • Qualité de la partie téléphonie
  • Intégration des services Microsoft



Points faibles



  • Pas de caméra frontale
  • Limité à 16 Go, non extensibles
  • Dépendant de Zune/Windows Phone 7 Connector
  • Bing Search et Maps très approximatifs
  • Autonomie passable









2 commentaires:

  1. Google et Youtube sont bien présents hein :o Certes, l'application "officielle" de Youtube est à chier (j'ai celle réalisée par HTC qui est de bien meilleure facture) mais elle est bien présente. Pareil pour Google via "Google Search".

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  2. L'application YouTube renvoie vers la version web du site, ultra pauvre, quant à l'appli Google Search, certes elle est là, mais elle ne se substitue pas à Bing, et on passe toujours par le moteur de Microsoft avec la recherche "loupe".

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